Marco MAGIS
Marco
Magis
est
né
à
Liège
le
3
/11
1934.
Il
fit
ses
études
à
l’Académie
des
Beaux-Arts
de
Bruxelles
et
exposa,
pendant
plusieurs
années,
sa
peinture
avant
d’être
tenté
par
l’art
de
gravure.
Il
s’inscrit
aux
cours
de
l’Académie
de
Molenbeek-Saint-Jean.
Très
vite,
il
se
sent
à
l’aise
dans
les diverses techniques de l’eau-forte et il trouve dans la pointe sèche et l’aquatinte son style personnel.
Il
est
vite
subjugué
par
cette
nouvelle
forme
d’expression
et
envoûté
par
la
précision
et
le
travail
méticuleux
qu’elle
exige.
Son
graphisme
est
élégant
et
inventif
;
les
tons
subtils
obtenus
par
la
pointe
ou
par
des
morsures
légères
servent
de
fond
à
ses
descriptions
écrites
par
des
tailles
acérées.
Pendant
près
de
dix
ans,
l’artiste
a
appris
à
maîtriser
le
trait
et
la
matière
pour
réaliser
des
œuvres
de
plus
en
plus
parfaites.
Aujourd’hui,
il
semble
bien
en
possession
d’un
métier
sûr,
d’une
technique
aboutie
et
son
graphisme
a
gagné
en subtilité et en poésie.
Autrefois,
la
gravure
en
général
était
considérée
comme
un
moyen
de
reproduction
et
d’illustration,
et
partant,
comme
un
art
mineur.
Ce
n’est
qu’après
la
révolution
française,
avec
la
libération
de
l’artiste
par
la
disparition
des
grands
mécènes
civils
et
religieux
et
la
naissance
de
la
bourgeoisie
nouvelle,
que
la
gravure
a
pu
prendre
ses
lettres
de
noblesse
et
devenir
originale.
Ce
sont
les
grands
courants
des
XIXe
et
XXe
siècles
,
comme
l’impressionnisme,
l’expressionnisme…qui
lui
ont
permis
d’atteindre
le
niveau
d’art
majeur
réservé
jusqu’ici
à
la
peinture
et
à
la
sculpture.
C’est
en
se
souvenant
de
la
leçon
des
grands
aquafortistes
que
Marco
Magis
entend
travailler
et
réaliser des œuvres originales.
Beaucoup
de
peintres
ont
traduit
par
la
gravure
ce
que
leur
art
comportait
de
graphisme.
Ils
ont
souvent
résumé
par
un
trait
savant
ou
par
un
jeu
très
bref
de
noir
et
de
blanc
l’essentiel
de
leurs
préoccupations
plastiques,
les
uns
d’une
manière
restreinte
avec
quelques
gravures,
les
autres, comme Magis, avec un nombre important de planches.
Au
début,
il
s’intéresse
au
vernis
mou
dont
il
modifie
la
structure
et
enrichit
le
trait
par
l’introduction
d’éléments
étrangers
dans
le
vernis
:
papier,
tissus…,
La
muleta,
Les
maisons
sur
l’abîme.
Il
va
même
jusqu’à
réaliser
quatre
impressions
à
partir
d’un
seul
cuivre
qu’il
modifie
à
la
pointe
sèche
après
chaque
tirage
aux
effets
variés
d’encrage
:
Le
printemps,
l’été,
L’automne,
L’hiver.
La
pointe
sèche
l’attire
de
plus
en
plus
et
il
lui
consacre
la
majeure
partie
de
son
activité
:
Les
pierres
dans
le
champ,
Frileuse,
Village.
Il
essaie
la
manière
noire
avec
Petit
page,
Hibou,
puis
l’aquatinte
:
La
visite.
Enfin,
en
possession
de
ses
moyens
techniques,
il
mélange
savamment
les
divers
procédés
en
fonction
du
sujet
à
traiter
:
La
barque,
La
lune
de
papier,
Les
libertés
supprimées,
La
paresse,
La
belle
Jemilet,
Le
reg,
mais
il
revient
toujours
à
la
pointe
sèche,
Chats, Chardons.
Amoureux
de
la
nature,
celle-ci
lui
rend
cette
confiance
en
inspirant
son
œuvre
où
tout
s’harmonise
et
se
discipline
sans
surprise,
car
Magis
transpose
avec
soin
et
calme
tous
les
éléments
de
cette
nature
qui
composent
l’ensemble
de
ses
planches
par
le
truchement
d’un
métier
simple
et
compliqué
à
la
fois.
Un
tracé
savant,
un
jeu
raffiné
des
noirs
et
des
blancs
traduit
l’essentiel
de
ses
préoccupations
plastiques.
L’amour
qu’il
professe
pour
son
art,
la
fraîcheur
et
le
romantisme
que
l’on
trouve
dans
ses
œuvres,
touchent
à
la
fois
la
raison
et
le
cœur,
Cela
frappe et rend un son profond et juste.
Aujourd’hui,
Marco
Magis
a
atteint
une
première
maturité
et
il
traite
tous
ses
sujets
avec
science
et
distinction,
avec
une
loyauté
profonde
et
une
expression
directe
toute
personnelle
pleine
de
poésie.
A
l’écart
de
toute
école,
en
dehors
des
courants
de
la
mode,
l’artiste
édifie
une
œuvre authentique.
Eugène Rouir, 1983